Histoire de la Danse-Thérapie

Bien avant qu’une profession ne se dessine, il y a toujours eu dans toutes les cultures une place à l’art et aux effets bénéfiques de celui-ci sur l’être humain. Quelque part, la question de l’art-thérapie a toujours été présente au fil des siècles, notamment au travers des interprétations psychiques et corporelles des différentes activités artistiques. On la retrouve dans les mythes avec les effets de la musique (Orphée, Pan, Apollon, etc.), chez les Grecs avec l’apparition des jeux théâtraux à fonction thérapeutique (Aristote et la catharsis) mais aussi dans les sociétés africaines et sud-américaines avec l’utilisation simultanée de plusieurs arts pour guérir un membre de la communauté, comme dans le chamanisme (association de la musique, de la parole et de la danse), la thérapie n’toep (association de la musique, de la danse, des odeurs, etc.) ou le tarentisme (association de la musique et de la danse dans le sud de l’Italie) par exemple. Ces exemples nous permettent de voir que l’utilisation de la danse comme thérapie prend son origine de beaucoup plus loin que nous pourrions le penser.

Pour comprendre le lien qui unie la danse à la danse-thérapie ou Danse-Mouvement-Thérapie (DMT), il est important d’élargir notre réflexion afin de mieux de saisir ce qui se cache derrière le terme « danse » et celui de « thérapie ».

En effet, le terme « danse-thérapie » est évocateur mais difficile à penser car le mot danse renvoie généralement, dans notre société, à la danseuse « ballerine » et/ou au divertissement. Il est donc important  de mieux définir ce qu’est la danse car il existe différentes formes de danse ainsi qu’un continuum entre la danse et le mouvement.

Ce qui caractérise la danse, et par conséquent la DMT, est la non trace de celle-ci car l’expression de la danse est éphémère (contrairement aux arts-plastiques, par exemple). La danse a une caractéristique temporelle ; en effet, l’expérience de la danse a un début et une fin, l’oeuvre coïncide avec le danseur. A cette caractéristique temporelle s’articule l’espace que va sculpter le mouvement. Le danseur créé des images ancrées dans l’espace. Le corps du danseur est la matière de la danse. Le fait que le corps soit présent donne une possibilité de langage de la personne car même si la personne n’a pas de capacités pour manipuler un objet, le corps toujours présent, est toujours capable de nous communiquer quelque chose. Enfin, au-delà de cette dimension expressive de la danse comme langage, une dimension impressive est également présente, car même si la danse ne laisse pas de traces dans l’espace-temps, elle laisse une trace chez le danseur. Le processus que la danse a suscité chez lui ne s’arrête pas avec la danse : c’est le phénomène de résonance. Ce phénomène est primordial en DMT car c’est lors de cette phase, que le danse-thérapeute a la possibilité de recueillir les ressentis, sensations, images vécus par la personne au cours de l’expérience dansée et de permettre ainsi à celle-ci de prendre conscience de son propre processus.

La danse est la source de la danse-thérapie. La relation entre les deux est une source artistique qui permet de développer une discipline spécifique et non de définir le lieu ou la population avec laquelle nous travaillons.

Le mot « thérapie » nécessite également d’être expliqué car la Danse-Mouvement-Thérapie peut être appliquée dans d’autres domaines que celui de la clinique (par exemple, dans le domaine socio-éducatif ou du développement personnel). En effet, nous pouvons rapprocher ce terme à la définition de la santé de l’Organisation Mondiale de la Santé qui est la suivante : « un état de bien-être à la fois physique, psychologique et social, qui ne se caractérise pas seulement par l’absence de maladie mais plutôt par l’équilibre des différentes composantes de l’individu, la personne étant généralement définie et appréhendée comme un être psychosomatique et social. » Il y a donc un objectif de santé en DMT, et dans les arts-thérapie de manière plus générale, qui est transversal dans tous les domaines d’application de la danse-thérapie.

Crédits image : Dessin réalisé par Céline Bokobza (www.celinebokobza.com) au Labo danse dessinée organisé par Magali Oh, à la Tanguedia de Paris.