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La danse-thérapie en maison de retraite

Aujourd’hui je voudrais partager avec vous, mon expérience de danse-thérapeute en maison de retraite médicalisée car je trouve que c’est une expérience enrichissante à titre personnelle mais qui suscite également des interrogations, notamment en ce qui concerne la place de la danse-thérapie dans les maisons de retraite.

J’ai beaucoup entendu dire lors de ma recherche de stage que les personnes âgées ne pouvaient plus danser car la majorité sont en fauteuil roulant. Et puis, pendant 8 mois, j’ai fais un atelier de danse-mouvement-thérapie avec des personnes âgées qui ont la maladie de Parkinson et qui, malgré quelques difficultés tout à fait compréhensibles, dansent, bougent et prennent du plaisir à le faire !
Cela m’a donc fait réfléchir sur la façon de présenter mon travail et sur le fait de bien insister qu’en aucun cas il ne s’agit d’un cours de danse où les participants vont apprendre une technique précise, mais bien d’un atelier thérapeutique où le groupe utilise la médiation corps pour travailler sur des problématiques telles que la dépression, l’isolement ou la détente corporelle ; bref, travailler à travers le lien corps-psyché sur le plaisir et le bien-être.

Déracinement, perte d’autonomie, isolement, dépression : tout cela peut amener à une perte d’identité de la personne.

Lorsque j’ai commencé à chercher du travail, c’est tout naturellement que je me suis tournée vers les EHPAD pour proposer des ateliers. En effet, le sentiment le plus répandu chez les résidents lorsqu’ils arrivent en maison de retraite (et même lorsqu’ils y sont depuis plusieurs années) est un sentiment d’abandon, d’isolement et de déracinement. De plus, nombreux sont ceux qui présentent des maladies neurodégénératives, de types Alzheimer ou Parkinson, ou tout simplement une perte d’autonomie physique importante qui peut entraîner un déplacement en fauteuil roulant et très souvent de la dépression. La vieillesse est aussi synonyme de mort qui arrive, de corps qui change et combinés à un déracinement, cela peut amener à une perte d’identité des personnes.

La Danse-Mouvement-Thérapie permet aux résidents de se sentir exister, de se sentir vivant.

L’art-thérapie, de façon général, et la danse-thérapie, de manière plus spécifique, permettent donc de proposer aux résidents un cadre extra-quotidien où tout est permis (tant que les règles sont respectées), où même les personnes en fauteuils roulants peuvent danser et s’exprimer avec leurs corps douloureux. Un espace où les personnes ne sont plus des personnes vieilles, dépendantes, malades, mais des personnes qui peuvent créer, exister à travers leurs créations, laisser une trace, ressentir un sentiment de joie, de plaisir, créer des liens avec les autres et se sentir vivantes.

Le danse-thérapeute est le témoin privilégié des traces physiques et psychiques laissées par le mouvement dansé chez les personnes.

Depuis deux mois, j’interviens ponctuellement dans une maison de retraite auprès d’un groupe de 6/7 résidentes pour mener un atelier collectif de DMT. Même si je prépare un peu l’atelier avant mon intervention, je me laisse toujours agréablement surprendre par ce qu’il s’y passe et finalement l’atelier se construit petit à petit avec le groupe (mais n’est-ce pas là la finalité du processus de création que nous cherchons à engager avec les personnes ?).
Avec leurs ressources du moment, chacune va s’approprier les propositions pour en faire quelque chose de singulier, d’unique (par exemple, sortir du fauteuil roulant pour essayer de marcher sur le rythme de la musique). Puis à certains moments, des liens entre les personnes (généralement, celles qui peuvent marcher) vont se créer et le groupe va finir en improvisant une danse libre en incluant même les personnes en fauteuils roulants !
Puis vient le moment de résonance (moment qui conclut la séance) où chaque participante va exprimer ce qu’elle a vécu pendant l’atelier, son ressenti, et même des souvenirs qui refont surfaces.
Cette phase de résonance est un moment très important dans le déroulement de l’atelier car si le mouvement dansé ne laisse pas de trace dans l’espace-temps, son expérience en laisse dans le corps et la psyché des résidentes et c’est de cette expérience dont nous sommes les témoins privilégiés.

Pour conclure cet article, je dirai simplement que même si les personnes sont très dépendantes ou ont l’air fragiles, elles nous surprendront toujours par leurs capacités et leurs volontés car elles ont des ressources et une mémoire corporelle qu’il ne faut ni oublier ni négliger.
Après tout, les premières expériences de l’être humain qui passent par la peau, le corps, les sensations, ne s’oublient jamais !

N’hésitez pas à partager vous aussi vos expériences que ce soit en EHPAD ou dans d’autres structures à la fin de cet article !

Je vous retrouve bientôt pour une revue de presse des articles traitant du sujet des arts-thérapies.

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